L'effet miroir - Infinit'

Mes baskets sont trouées, ses baskets sont neuves

Je le guette par la f’nêtre d’mon immeuble

Toute la soirée, adossé au mur à parler de tout

Avec ses potes, et puis des gens genre chelou font des aller-retour

Il a les keufs, et toujours des sapes neuves sur le dos

Il fait gaffe à ses gestes et fait gaffe à ses mots

Lui c’est le boss, jeune boss du tieks'

Et en cachette j’sais qu’il pète la plus bonne du tieks'

Et il m’dit: «Garde la monnaie, va me prendre des clopes»

A chaque fois qu’il me croise quand je rentre de l'école

A c’qui paraît il a tiré sur un mec

Des fois j’me demande, et j’me dis qu'ça pourrait être vrai

Moi quand j’serais grand j’s’rais pareil, d’vant mes potes je l’imite

Mais dès qu’il m’surprend, j’suis d’vant lui, d’un coup j’suis timide

La dernière fois qu’j’l’ai vu, j'étais choqué

Gyrophares, condés partout, j’ai bloqué

Lui menotté et il me regardait

T’es d’vant le miroir mais c’est pas toi qu’il reflète

Dans cette vie là, faut qu’tu sois qui tu veux être

Soit qui tu veux être en sachant qui tu peux être

Et peut-être que t’auras déjoué l’effet miroir

L’effet miroir 'zin, l’effet miroir

Ça y est j’ai grandi et mes baskets sont neuves

Quand je guette par la f’nêtre d’mon immeuble

J’vois toujours les mêmes murs mais devant y a qu’mes sins-cou maintenant

Plus personne parle de l’ancien boss, il a pris 15 ou 20 ans

Il avait vraiment tiré sur un mec au fait?

Le mec est mort, j’ai su qu’c'était un autre jeune boss d’un autre tieks'

J’ai mes propres potes, j’fais mes propres dièzes

Et j’ai souvent trop de dopes, rarement trop de pèzes

J’réponds aux questions des condés par un silence taquin

J’sors du vendredi soir jusqu’au dimanche matin

Et quand on m’croise on me dit «Salam, toi t’es beau»

Certains dans le quartier commencent à dire que c’est moi le boss

Le week-end dernier j’ai pris mon tard-pé

Tiré sur un p’tit enculé d’un autre quartier

Le jour où les shmits sont v’nus m’embarquer

J’ai remarqué, ce p’tit semblait m’regarder

Depuis longtemps déjà

'Zin

Tous les jours des p’tits reproduisent les mêmes erreurs que leurs aînés

Les jours se répètent, ainsi de suite

Chaque fois qu’un grand part en couille, un p’tit le suit

C’est l’histoire de la vie 'zin

J’ai grandis où j’ai grandis

Oui