Un poison violent, c'est ça l'amour - Serge Gainsbourg, Jean Claude Brialy

— Qu'est-ce autre chose que la vie des sens, qu’un mouvement alternatif

qui va de l’appétit au dégoût et du dégoût à l’appétit,

de l’appétit au dégoût et du dégoût à l’appétit…

— J' m’en fous !

— Ta gueule, laisse-moi finir !

L'âme flottant toujours incertaine entre l’ardeur qui se renouvelle

l’ardeur qui se renouvelle et l’ardeur qui se ralentit,

l’ardeur qui se renouvelle et l’ardeur qui se ralentit…

— Ah !

j' m’en fous !

— Mais dans ce mouvement perpétuel, de l’appétit au dégoût,

de l’appétit au dégoût et du dégoût à l’appétit,

on ne laisse pas de divertir par l’image d’une liberté errante.

Tu sais de qui c’est?

— Non.

— Bossuet.

— Bravo !

Tu veux une oraison funèbre?

— Ah non !

Parce que moi je suis assez cynique

Pour en faire ma ligne de conduite.

— Oh t' es dégueulasse !

dégueulasse mon vieux !

— Ouais, ouais !

un peu amnésique sur les bords, hein.

Voilà où ça mène.

Un poison violent, c’est ça l’amour

Un truc à n' pas dépasser la dose

C’est comme en bagnole

Au compteur cent quatre-vingts

À la borne cent quatre-vingt-dix

Effusion de sang

Voilà j' te donne un conseil.

Tu tiens à ta peau: laisse tomber !

— Tu cours après une ombre, tu vois.

Et c’est même pas la mienne.

Encore elle serait’sur les colonnes Morris

Je pourrais l’attendre à l’entrée des artistes.

Mais elle est insaisissable.

Où veux-tu que j' la trouve?

— Ah mon p’tit Armstrong Jones y fallait pas faire d' la photographie.

— Oh toi t' es écœurant.

On n' peut pas discuter avec toi.

Tu prends tout à la blague.

— Ah erreur !

erreur justement !

Un de ces quatre tu verras: tu m' rendras raison.

Écoute:

Quand tu en auras marre

J’ai une petite pour toi

Complètement demeurée

Mais tellement esthétique

— Oh te fatigue pas va !

Allez salut !

"What else is the life of the senses, than a reciprocating motion

which goes from appetite to disgust and from disgust to appetite,

from appetite to disgust and from disgust to appetite...

- I do not care !

"Shut up, let me finish!"

The soul floating ever uncertain between the ardor that renews

renewed ardor and waning ardour,

the ardor that renews itself and the ardor that slows down...

"Ah!

I do not care !

"But in this perpetual motion, from appetite to disgust,

from appetite to disgust and from disgust to appetite,

we do not stop entertaining with the image of wandering freedom.

Do you know who it is from?

- Nope.

— Bossuet.

- Cheer !

Do you want a funeral oration?

- Oh no !

'Cause I'm pretty cynical

To make it my line of conduct.

"Oh you're disgusting!"

screw up my old man!

- Yeah yeah !

a little amnesiac around the edges, huh.

This is where it leads.

A violent poison is love

One thing not to overdose

It's like riding a car

At the counter one hundred and eighty

At milestone one hundred and ninety

Bloodshed

Here I give you some advice.

You care about your skin: let it go!

"You're running after a shadow, you see.

And it's not even mine.

Still she would be on the Morris columns

I could wait for him at the artists' entrance.

But she is elusive.

Where do you want me to find her?

"Ah my little Armstrong Jones shouldn't do photography.

"Oh you are disgusting.

We can't argue with you.

You take it all as a joke.

"Oh mistake!

exactly wrong!

One of these four you will see: you will make me right.

Listen:

When you're fed up

I have a baby for you

Completely remained

But so aesthetic

"Oh, don't get tired!

See you !