Alertez Les Bébés - Jacques Higelin

Les gens épouvantés

Fuient le mal qui est en eux

Et quand vous en croisez un

Dans le désert

Il trouve encore moyen

De détourner les yeux

Car son frère lui fait peur

Il a honte de son frère

Alors il se précipite en pleurant

Dans les bras du premier

Colonel-papa venu

Qui lui jure la guerre

Qui lui promet torture et prison

Pour celui qui a fait à son rejeton

L’affront

D’un regard…

L’affront

D’un regard d’amour

Alertez les bébés !

Alertez les bébés !

Moi je veux plonger mon poing

Dans ta gueule ouverte

Et te l’enfoncer jusqu’au cœur

Jusqu’aux tripes

Et te les arracher

Et les brandir à la lumière

Du soleil

Alertez Alertez Alertez les bébés !

Alertez Alertez Alertez les bébés !

Alertez les bébés !

J’ai vu

Un jour

Cent mille enfants

Serrer dans leur poing l'étendard

De l’amour

Révolté

Le vent dansait dans leurs cheveux

Et leurs voix faisaient trembler

Les murs de Babylone

Comment veux-tu que l’espoir capitule

Et qu’on retourne après ça

Jeter en pâture aux chacals

Et aux requins

Ce pur élan de vie?

Jeter en pâture aux chacals

Et aux requins

Ce pur élan de vie?

Ces cris de rage

Alertez les bébés !

Alertez les bébés !

Alertez Alertez Alertez les bébés !

Les rapaces de la mort

Se sont châtrés les ailes

Et ils traquent leurs petits dans

Les corridors des cités grises

Des sacs de mensonges

Et des matraques à la main

Ils font la chasse à l’identité

Eux

Qui ont égaré la leur

Dans les basses-fosses de paperasses

Eux

Qui ont égaré la leur

Dans leurs entrailles repues

De viande assassinée

Alertez les bébés !

Alertez les bébés !

Alertez Alertez Alertez les bébés !

Mais les rapaces de la mort

Se retournaient déjà

Ivres de massacres

Que nous avions pris le temps

D’alerter les bébés

De construire avec les bébés

Un mur de lumière

Qui fusille de clarté

Les yeux clos des morts-vivants

Des morts-vivants

Les yeux clos des morts-vivants

Morts-vivants

Morts-vivants

Morts-vivants

Morts-vivants

Vivants

Vivants

Vivants

Vivants

Vivants

Vivants

Vivants

Vivants

Alertez Alertez les bébés !

Les bébés !

Alertez Alertez Alertez Alertez les bébés !

scared people

Flee from the evil that is within them

And when you come across one

In the desert

He still finds a way

To look away

Because his brother scares him

He's ashamed of his brother

So he rushes in crying

In the arms of the first

Colonel-daddy come

Who swears war on him

Who promises him torture and prison

For him who made his offspring

The insult

With a look...

The insult

With a gaze of love

Alert the babies!

Alert the babies!

I want to plunge my fist

In your open mouth

And shove it to your heart

Down to the guts

And snatch them from you

And hold them up to the light

sun

Alert Alert Alert babies!

Alert Alert Alert babies!

Alert the babies!

I saw

One day

hundred thousand children

To tighten in their fist the standard

Of love

Revolt

The wind was dancing in their hair

And their voices shook

The walls of Babylon

How do you want hope to capitulate

And we go back after that

To feed the jackals

And sharks

This pure momentum of life?

To feed the jackals

And sharks

This pure momentum of life?

Those cries of rage

Alert the babies!

Alert the babies!

Alert Alert Alert babies!

Raptors of Death

Castrated their wings

And they track their young in

The corridors of gray cities

bags of lies

And batons in hand

They're hunting for identities

Them

Who have misplaced theirs

In the pits of paperwork

Them

Who have misplaced theirs

In their sated entrails

Murdered Meat

Alert the babies!

Alert the babies!

Alert Alert Alert babies!

But the raptors of death

Were already turning around

Drunk on massacres

That we took the time

To alert babies

To build with babies

A wall of light

Who shoots with clarity

The closed eyes of the living dead

Zombies

The closed eyes of the living dead

Undead

Undead

Undead

Undead

Living

Living

Living

Living

Living

Living

Living

Living

Alert Alert babies!

Babies !

Alert Alert Alert Babies!